Dr. Sakoba Keita
Q: Donc, je crois qu'on va commencer avec ou vous avez grandi et avec qui?
KEITA: Moi, je suis ne dans le sud du pays dans une prefecture qui s'appelle
Nzerekore, le 8 juin 1954, ou j'ai passe mes ecoles primaires. C'est en 1965 que j'ai quitte le sud du pays pour la capitale ou j'ai passe le reste de mes etudes primaires, secondaires et le lycee. Ensuite j'ai fait mon baccalaureat en 1973 ou j'ai reussi avec mention assez bien. Et c'est ainsi que j'ai beneficie d'une bourse d'etudes superieures pour la Republique socialiste de Cuba. Et dans ce pays j'ai passe sept annees d'etudes. En premiere annee pour etudier l'espagnol et six ans d'etudes de medecine. Je suis rentre en Guinee en aout 1980. Et la j'ai commence mon service dans la prefecture de Siguiri. Puis je suis revenu a 00:01:00Kankan dans le nord de la Guinee ou j'ai passe 14 ans. Ensuite j'ai eu une promotion ou j'ai ete inspecteur regional de la sante en 1994 dans la region de Mamou, puis dans la region de Boke. Et c'est en annee 2000 ou j'ai ete nomme coordinateur du programme de lepre. Et en 2008 on m'a charge d'occuper le poste de chef de la division de prevention et de lutte contre la maladie au Ministere de la Sante. Et c'est en cette qualite que je me suis occupe de la surveillance epidemiologique dans l'ensemble du pays. Et a ce poste, j'ai gere pres de 25 epidemies. Et dans la derniere en date a ete la maladie a virus Ebola que j'ai gere depuis 2014 jusqu'a 2016.Q: Wow. Et parlez-moi du temps que vous avez fait a Cuba?
00:02:00KEITA: Bon, a Cuba je suis arrive tout jeune. J'avais 19 ans en 1973 ou on a
fait l'annee d'etudes de la langue. Apres nous avons commence la premiere annee. J'ai eu de bonne scolarite et a la fin on m'a choisi comme le meilleur etudiant etranger ou mon nom est dans Le Journal de Cuba du 29 aout 1980 que je detiens jusqu'a present.Q: Ils ont choisi quelques gens de Guinee, de tous les pays d'Afrique ou c'etait
-- comment est-ce que vous etes arrive a faire des etudes a Cuba.KEITA: Bon, je suis arrive parce qu'il y avait une cooperation entre la Guinee
et Cuba a l'epoque ou les meilleurs etudiants ont ete selectionnes en Guinee pour les envoyer a Cuba. Donc, c'est vraiment -- c'est qu'il y a eu de tres bons 00:03:00resultats au baccalaureat en Guinee en 1973 qui se sont rendus a Cuba a l'epoque.Q: Et qu'est-ce que vous avez pense de Cuba et de votre experience la-bas?
KEITA: Mon experience a ete enrichissante, parce qu'ils m'ont appris beaucoup de
choses, surtout la medecine de campagne et l'esprit de sacrifice pour son pays. Et dans toutes les circonstances, on doit mettre l'interet de la nation avant l'interet individuel. Et c'est cet amour collectif surtout qui m'a anime et qui m'a donne la force a oser attaquer meme l'Ebola en restant en premiere ligne et pouvoir communiquer avec les gens et les assurer aux moments difficiles qu'il fallait garder notre serenite pour affronter ce phenomene nouveau, pourqu'on puisse les convaincre. A Cuba aussi j'ai appris a rester tres modeste et a 00:04:00m'adapter au niveau de vie de ma communaute, surtout aux us et coutumes et avoir une bonne ecoute de population et les comprendre dans leur etat de vie selon leur niveau de vie. Et c'est d'apporter ce que je peux en fonction des moyens qu'on va m'offrir. Et surtout m'adapter en toutes ces circonstances et c'est de faire ce que je peux faire meme quand il y a assez de difficultes.Q: Et vous avez utilise ca quand vous avez travaille contre l'epidemie d'Ebola?
KEITA: Donc, au moment de l'epidemie d'Ebola, j'ai eu ces reflexes de formation
de l'enfance et qui m'ont donne plus d'energie, me maintenir surtout a resister a la fatigue ou le decouragement ou par le manque de succes qui risque de demotiver. Chaque fois que j'ai pense a ca, j'ai dit que je ne dois jamais me donner vaincu dans l'exercice de mon metier que je dois savoir que c'est en 00:05:00restant perseverant que j'aurai la victoire.Q: Oui, ca c'est interessant. Qu'est-ce que vous etiez en train de faire juste
avant l'epidemie d'Ebola.KEITA: Avant l'epidemie d'Ebola, il faut reconnaitre qu'on a gere plusieurs
epidemies de cholera. Donc, moi personnellement, j'ai gere sept epidemies de cholera dans le pays, et plusieurs epidemies de meningites. Donc, quand Ebola -- qu'on m'a dit qu'il s'agissait d'Ebola, j'ai fait la revue documentaire. Je me suis rendu compte que c'etait une maladie tres dangereuse a laquelle on fait face. Donc les premiers reflexes qui me sont venus, c'etait de faire la promotion des mesures de prevention comme s'il s'agissait de cholera, parce que les mesures de prevention s'entrecoupaient. Donc j'ai commence a communiquer et a preparer mon personnel pour qu'on fasse face a cette epidemie. Donc on a fait 00:06:00des revues documentaires, des lecture collective pour mieux connaitre cette maladie, surtout ses mesures de prevention et comment communiquer la symptomatologie, le moyen de transmission, et de protection individuelle a l'intention de la population et meme des autorites, et organiser la lutte.Q: Donc vous avez utilise la meme experience que vous avez eu avec le cholera
pour commencer la lutte contre l'Ebola.KEITA: Effectivement, c'etait nos messages de depart. Il s'agissait de reprendre
toutes les mesures de lutte contre le cholera, notamment l'assainissement, le lavage des mains et la potabilisation de l'eau, et ne pas se serrer la main, etc. Ca c'etait la premiere lecon qu'on a copiee de l'experience de cholera, qu'on a diffuse pour se proteger aussi d'Ebola.Q: Et vous avez decide de faire ca parce que vous avez lu d'Ebola ou -- comment
00:07:00est-ce que vous avez connecte les deux? Parce qu'il n'y avait pas beaucoup d'experience en Afrique de l'ouest avec l'Ebola avant ca.KEITA: Effectivement, on a bien lu des messages sur l'Ebola, mais comme on avait
beaucoup plus d'experience en cholera, on a vu que le mode de transmission avait des similitudes, c'est de cela -- et que la population deja connaissait le cholera et son mode de transmission et protection, donc on a dit a la population: "Il fallait reprendre les memes mesures contre le cholera pour gagner du temps."Q: Et dites-moi comment vous avez appris sur l'epidemie avant de participer de ca?
KEITA: Ca etait un choc pour moi ce jour-la, parce que j'ai ete informe d'abord
au mois de mars 2014 par l'inspecteur regional de la sante de Nzerekore a laquelle appartient la prefecture de Gueckedou, il y a eu deux deces successifs, notre chirurgien general de l'hopital de Gueckedou qui est venu de deceder 00:08:00aupres de son neveu le directeur de l'hopital de Macenta qui etait un homme tres connu. Et par suite de cette maladie, il y a eu une premiere investigation de la Direction regional de la sante du sud du pays et qui m'ont envoye leur rapport qu'il s'agissait d'une maladie mysterieux qui a cause assez de degats. C'est apres cela que nous avons envoye une equipe mixte composee de l'OMS, du Ministere de la sante et de Medecins Sans Frontieres qui nous ont signales l'ampleur du phenomene qui avait assez de cas qu'ils avaient denombres. Et les premiers echantillons nous sont parvenus le 18 mars qu'on a reussi a expedie en France, principalement a Lyon, et le 21 mars a une heure du matin, j'ai ete informe par telephone qu'il s'agissait bien d'Ebola. Mais nous entretemps, on avait fait la revue documentaire sur l'internet. Donc les deux maladies qu'on craignait c'etait Lassa et Ebola, mais a cause du nombre du taux de mortalite 00:09:00assez eleve, on pensait tres peu a Lassa. On craignait beaucoup Ebola, mais on se demandait comment Ebola peut sauter l'Afrique centrale et tomber en Guinee qui n'a jamais connu Ebola. Donc, on etait dans cette inquietude et la nouvelle est tombee, et ca m'a cause la nuit blanche durant le reste de ma nuit du 21 mars.Q: Donc ca a pris combien de temps pour enlever le sang et puis arriver en
France et puis les resultats sont sortis?KEITA: Il faut compter -- c'est parti le 18, et on a obtenu les premiers
resultats le 21, donc a peu pres trois jours. Mais par la suite on a eu des difficultes d'expedition des autres echantillons, parce qu'aucune compagnie aerienne ne voulait prendre des echantillons d'Ebola. C'etait ainsi qu'on a parle avec l'OMS qui nous a transfere une partie du labo mobile de l'Institut 00:10:00Pasteur base a Dakar, qui est le laboratoire de la sous-region, et qui est venu le 24 mars a Conakry. C'est ce qui nous a permis a confirmer par la suite les autres cas et les autres echantillons qui etaient en provenance de la zone de Gueckedou ou de la Guinee forestiere.Q: Et apres vous avez recu les resultats le 21 mars. Comment est-ce que vous
etes implique dans l'epidemie en ce moment?KEITA: A partir du moment que, moi, en tant que le premier responsable de la
surveillance, donc j'ai informe mon ministre de la sante. La nuit meme je lui ai telephone, et j'ai informe le president de notre comite de crise sanitaire que j'ai recu la nouvelle qu'il s'agissait bien d'Ebola et que le matin il fallait qu'on se reunisse rapidement. C'est ainsi qu'on a pris la decision avec le gouvernement de faire la declaration le 23 mars pour dire que la Guinee est en 00:11:00epidemie d'Ebola et solliciter aussi de l'aide des comites nationaux et internationaux pour pouvoir juguler cette maladie.Q: Et quand vous avez entendu la nouvelle que c'etait vraiment l'Ebola,
qu'est-ce que vous avez pense?KEITA: J'ai eu quand meme un esprit assez de combattant. Je savais que j'avais
affaire a une maladie tres redoutable et que j'ignorais l'ennemi et je ne savais pas comment pouvoir le circonscrire. Mais j'avais la foi que toute chose qui commence finit un bon jour. Donc j'ai demande a tous mes collaborateurs de vraiment serrer la ceinture, que c'est une lutte qui commence; on ne sait pas comment l'ennemi -- comment qu'on va la battre, mais qu'avec le courage, on pouvait en venir a bout. Mais selon la revue documentaire, j'ai aussi constate que la plupart des epidemies anterieures n'en duraient que trois a six mois au maximum. Donc, j'avais la foi qu'au bout de ces six mois au maximum qu'on 00:12:00pourrait venir a bout de cette epidemie. Donc on a commence. On a eu des succes par moments. Mais c'etait ne pas connaitre tous les modes de transmission qu'il y a eu des faiblesses et d'une autre facon d'apprecier la valeur de notre strategie. Et nous avons compris par la suite qu'a travers les us et coutumes de traiter nos cas de mort et avec la ceremonie funebre que la maladie ne diminuait pas et c'etait en train de se propager dans d'autres prefectures ou les gens se deplacaient pour aller souhaiter des condoleances aux familles des victimes. Et ce phenomene a aide a la propagation. Donc, a la decouverte de ca on etait oblige de revoir nos strategies pour limiter non seulement les ceremonies funebres mais aussi le deplacement des contacts qui desormais etait la moindre transmission qui a fait qu'on ne peut pas circonscrire Ebola dans la prefecture 00:13:00ou ca debutait.Q: Et vous pensez que c'etait pendant combien de temps que vous avez decouvert ca?
KEITA: Ca nous a pris trois ou quatre mois avant qu'on le decouvre parce qu'on a
eu une baisse apparente vers les mois de juillet-aout 2014. Alors on etait un peu sur l'allure qu'on est arrive au bout. On a pense certaines prefectures etait en periode d'incubation par le fait que certaines personnes ont adresses leur condoleances. Et on a constate aussi que c'est les gens de Conakry qui sont partis pour les condoleances de notre medecin alors autour qu'on a eu les premiers cas d'Ebola a Conakry. Donc on se demandait comment retrouver tout ce monde qui vient adresser leurs condoleances, et etc. qui ont favorise la diffusion de la maladie. Moi, j'ai ete le responsable a la surveillance a l'epoque avec le Comite national de crise sanitaire. Chacun dans son domaine essayait d'etre en avant pour que nous puissions mieux cerner ce phenomene de propagation. 00:14:00Q: Donc vous avez deja donne un resume chronologique de votre travail en Guinee.
Pensez au debut, au milieu et aux stades plus tard, quel etait votre role dans la reponse -- comment est-ce que ca changeait des le debut jusqu'a la fin?KEITA: Mon role a change d'ailleurs. Au debut je m'occupais de la commission
surveillante. J'etais le president comme j'ai fait la surveillance. J'ai fait beaucoup de formation dans ce cadre. Mais apres, quand on a vu que la reponse n'evoluait pas dans le sens d'atteinte de nos objectifs de controle de cette maladie, le nombre de cas accrut surtout vers la fin de l'annee, le dernier 00:15:00trimestre de 2014. Donc en prevision de ca, on a juge utile de mettre en place la coordination de la lutte contre l'Ebola non seulement pour mieux coordonner les interventions sur le terrain mais pour mieux etre reactif par rapport a la mise en oeuvre des activites. Donc le choix peut porter sur ma personne pour diriger cette coordination et que j'ai acquis avec plaisir et avec devouement. Donc ca c'etait le premier changement dans ma position dans cette lutte, et en fin d'annee 2014 j'ai fait un examen de l'evolution. Le pic de l'epidemie a ete percu par nous en novembre-decembre. Alors je me suis pose la question: "Comment aborder l'annee nouvelle 2015?" La strategie classique qu'on a pris a partir d'Accra avec l'OMS et avec beaucoup de partenaires qui sont venus, j'ai vu qu'on tardait a avoir les resultats probants. Donc finalement j'ai demande au comite 00:16:00strategique: "Il faut qu'on trouve un cadre de nouvelle strategie pour le controle de cette maladie a partir de janvier 2015." C'etait ainsi que moi-meme j'ai ete inspire par cette initiative que j'ai assume le groupe strategique pour qu'on puisse remobiliser cette population guineenne qui etait vers le bout d'etre decouragee et demotivee par l'insucces qu'on etait en train de recolter dans la lutte qui se traduisait par l'augmentation du nombre de cas, et du nombre de prefectures infectees.Donc c'est ainsi qu'il y a eu beaucoup de reticences par ces gens qui ne
croyaient plus. Il y avait des gens qui continuait a mourir. Et le nombre de cas augmentait. Donc les conseils qu'on donnait aux gens qui ne croyaient pas et pensait qu'on n'etait pas en mesure de controler la maladie. C'est ainsi qu'a partir de janvier, nous avons commence la Campagne de Zero Ebola en 60 jours. Apres une analyse que la plupart des prefectures ou la communaute nous a 00:17:00accompagnes, Ebola n'a pas fait depasser les 60 jours. Il y a eu des prefectures qu'on a controlees en 45 jours. Donc on s'est servi de slogan et des esperances qu'on a beneficie dans ces differentes localites autour des autres localites qui etaient en epidemie, que c'est possible de controler la maladie, meme qu'ils nous ont accompagne et que les ressortissants sont venus aussi aider les residences de leur prefecture pour nous accompagner. C'est ainsi que de 27 localites reticentes ou on etait beaucoup, ou la maladie etait tres active, on a pu reduire en 60 jours a quatre localites. Et apres il y a la vaccination qui est venue s'ajouter a nos efforts. On a mene de campagne de ratissage, et on a vu qu'a partir des mois de fevrier et mars, les chiffres d'Ebola tombaient et on arrivait a controler des prefectures les unes derriere les autres. Ca nous a donne beaucoup d'espoir, et malgre tout ca on continuait a avoir quelques foyers 00:18:00ou il y avait de la persistance de la maladie. Et ca nous a amene a de nouvelles innovations, tel que le cerclage qu'on a fait dans les petites localites et le micro-cerclage dans les grandes villes. Et ceci nous a beaucoup aide a accelerer le controle dans differentes localites.Q: Donc c'est la Campagne de Zero Ebola en 60 jours, c'est comme un point tournant?
KEITA: Ca, ca a ete le temps decisif de faire baisser la courbe d'evolution de
l'Ebola en Guinee. A part ca, ca a permis de reduire la reticence et de commencer a avoir l'engagement communautaire, et toute la societe civile, les leaders et les jeux, les organisations sociales, les associations de developpement, se sont mobilises et ont su que si on ne faisait pas un effort national, on risquait d'avoir des dommages non seulement beaucoup de morts, ca 00:19:00allait vraiment impacter sur notre economie, et meme les deplacements des Guineens. Et on faisait l'objet de stigmatisation dans la sous-region et partout d'ailleurs. Donc ca necessitait une remobilisation de la population guineenne pour pouvoir contrecarrer ce phenomene qui etait agrandissant et pour que chacun sache que la vie collective etait menacee et qu'on devait agir de facon synergique pour controler Ebola.Q: Et pendant toute l'epidemie est-ce qu'il y avait d'autres tournants, les bons
et les mauvais? Il y a d'autres tournants que vous pouvez rappeler?KEITA: Il y a eu des tournants positifs et des tournants moindres, ou bien
negatifs. Le premier tournant negatif qu'on a eu, c'est au moment ou il y a eu le sommet de la reticence. Ce jour-la m'a fait couler des larmes quand j'ai vu 00:20:00une equipe, une de mes equipes de sensibilisation dans une sous-prefecture qui a ete agressee par la population, et ils ont ete tue par la population qui les ont agresses, et ce jour-la on a perdu huit personnes. Ca a ete l'un des revers de notre strategie de communication et de sensibilisation. Ca a ete le plus grand sommet. Et par la suite on a eu des incidents similaires ou on a brule meme des ambulances ou certaines de nos equipes ont ete agressees meme ligotees par leur population. Ce qui nous a ramene a changer notre strategie de communication pour un peu reduire la mefiance des populations et obtenir une meilleure adhesion de la population. Ca a ete le point noir et ou on a perdu aussi pres de 115 personnes sur le flanc de cette lutte de facon successive. Il y a eu des moments 00:21:00ou pratiquement toutes les semaines, on avait des agents infectes. Ca c'etait vraiment le point noir. Moi-meme j'ai eu affaire a des actes parfois sans le savoir tres risques pour ma vie, mais que cela ne tienne, on a pu resister a ces periodes noires.Les moments de joie c'est que chaque fois qu'on a reussi a controler la maladie
dans une localite et qui a accepte le cerclage. On terminait par une fete et de benediction et qu'on partageait ces moments de gloire avec la population. Et le moment tres decisif aussi c'etait l'acceptation de la vaccination. Ce jour-la on a pris du temps, pres d'un mois, pour convaincre les uns et les autres d'accepter des essais de vaccin Merck en Guinee. Beaucoup de gens etaient contre parce qu'ils ne savaient pas de quoi il s'agissait. Et ce vaccin n'a jamais ete 00:22:00essaye a large echelle dans le monde. Donc ca a ete une decision tres difficile pour les autorites guineennes, et moi-meme, qu'on puisse les accepter. Donc ce jour-la j'ai ete place devant ma conscience et mon engagement en tant que technicien pour prouver a la population que ce vaccin pouvait nous servir a quelque chose. Et c'etait difficile pour moi au niveau individuel de m'offrir en tant que premier candidat a recevoir ce vaccin en Guinee pour montrer l'exemple a la population que mon engagement est sincere. Ca vient du coeur, et que je veux que ce vaccin -- c'est un essai seulement. S'il y a des dangers, je suis pret a l'affronter, mais je veux me sacrifier pour qu'on trouve un remede non seulement pour arreter cette epidemie mais pour les epidemies futures pour la Guinee et le reste de la communaute internationale. Ca a ete un moment tres pathetique et qui a fait couler des larmes aux gens qui met en vue a la tele et 00:23:00occupait une telle position face a un tournant de l'histoire dans cette maladie.Q: Et ca c'etait votre idee d'avoir le vaccin d'abord?
KEITA: Au debut ce n'etait pas moi personnellement qui devait le faire. Mais en
tant que premier responsable, j'ai cru qu'en le faisant il y aura beaucoup qui allaient m'accompagner. Et c'est ce qui fut fait. Et depuis que j'ai accepte, beaucoup m'ont accompagne. On n'a pas eu des difficultes a convaincre les gens jusqu'a ce qu'on ait fini de vacciner tous les contacts dangereux de mon pays, ce qui nous a aide a controler la maladie.Q: Parlez-moi des plus grands choix que vous avez faits dans la reponse.
KEITA: Il y a eu quelques moments ou j'etais content des choix strategiques.
Premierement, le choix de mettre en place un seul lieu de coordination a ete une 00:24:00bonne decision des autorites, des partenaires qui ont suggere cette unite, dont figure le docteur professeur Pierre Rollin et le docteur David Nabarro. Plus il y avait la cooperation francaise a travers l'ambassade qui ont vraiment agi avec Medecins Sans Frontieres pour qu'on mette en place une cellule de coordination pour accelerer l'execution de nos activites sur le terrain et une meilleure coordination des interventions. Et deuxiemement, le fait qu'a un moment determine, on a trouve que la strategie classique ne pouvait pas nous conduire au controle de cette maladie. Et on a mis en place un groupe strategique et qui reflechissait pour ameliorer, ecouter les difficultes qu'on avait, et faire de nouveaux choix strategiques. Cela etait tres utile. C'est ainsi que de facon 00:25:00successive, on a ameliore le suivi de contact. On a fait la Campagne de Zero Ebola, la campagne de ratissage. On a fait le cerclage. Et tout dernierement la surveillance active en ceinture. Donc ces strategies nous ont permis de mieux cerner la problematique d'Ebola et baisser la crainte au niveau de la population et eteindre les foyers les uns derriere les autres.Q: Je vais vous demander de votre travail avec CDC. Expliquez votre relation de
travail avec le CDC a travers le temps en autant quand et ou la relation a change.KEITA: Donc, ma connaissance d'abord avec CDC -- ca a commence de facon tres
profonde avec la survenue de l'epidemie Ebola. J'ai tres sincerement apprecie 00:26:00l'arrivee du professeur Pierre Rollin car il est arrive pour la premiere fois dans cette epidemie a un moment de panique totale. Tout le monde avait peur. Personnellement, j'avais des difficultes a calmer le stress et la peur des populations face a l'evolution de la maladie dans le sud du pays. Les autorites ne croiraient pas et nos communications n'etaient pas assez convaincantes. Et donc quand il est venu avec son autorite, il a etabli de bon rapport avec la premiere personnalite de notre pays, avec les membres du gouvernement, les leaders religieux et la communiquer avec sa connaissance de cette epidemie, sur les epidemies anterieures. Ca a permis de donner plus d'information et rassurer la population. Et sa presence a permis d'etre tres rassurants pour les autorites et la population et leur donner l'espoir qu'on peut vaincre cette maladie et que 00:27:00nous pouvons garder notre espoir. Donc, c'est apres que nous avons collabore dans le sens de la gestion des donnees. Ils nous ont aide a mieux filtrer nos donnees, a collecter les donnees, et a en faire la publication avec l'appui de l'OMS et organiser aussi le point d'entree et pour empecher nos contacts de sortir hors du pays. Donc, petit a petit avec les differentes equipes de CDC et qui sont venues a nous aider aussi organiser le travail a la coordination et meme faire le schema fonctionnel. Donc c'est avec ca qu'on a ete de plus en plus performant, et nos relations se sont solidifiees avec CDC au fil du temps.Q: Donc quand vous pensez de votre travail avec CDC, quel souvenir vient a vous?
KEITA: Mon travail, le bon souvenir d'abord, c'est comme quelqu'un qui se
sentait en danger, et je prends l'exemple d'une noyade et que quelqu'un est 00:28:00venue de tirer la main pour que vous puissiez voir le bon chemin et regagner la rive. Donc, pour nous, je peux dire que CDC a eu des actions salvatrice en Guinee, qu'ils nous ont sauve a des moments tres difficiles et sur tous les plans de la lutte contre cette epidemie. Donc qu'ils soient vivement remercies pour ce tapis humanitaire a porter a mon pays que nous comptons pour suivre avec eux. Comme je le disais, l'enfant commencait a marcher mais ses pieds ne sont pas encore bien resistants pour courir. Donc, CDC doit nous aider a ce qu'on puisse supporter la course de cent metres.Q: Donc, ou est-ce que vous pensez que le CDC a vous bien aide?
KEITA: Donc CDC, son intervention, il y a deux points que je retiens.
Premierement, matiere de communication. Ca nous a beaucoup aide a baisser le 00:29:00niveau de stress dans le pays. Ils nous ont aide a faire de bonne communication, a mieux connaitre la maladie et calmer la population qui etait vraiment stressee. Le deuxieme, c'est dans la surveillance, et le controle de points d'entree, le suivi de contact et la gestion de donnees ont ete des points forts de l'intervention du CDC en Guinee.Q: Vous pensez qu'il y a les points ou le CDC etaient absents?
KEITA: Bon, c'est surtout le point d'absence que j'ai note, c'etait dans la
prise en charge. Et la, je pensais que ce n'etait pas leur domaine de predilection, et la prise en charge, j'en preferais laisser ca aux ONG, Medecins Sans Frontiere Alima, et la Croix Rouge Francaise qui etaient fondamentalement intervenus. Mais par contre dans la prise en charge, ils sont intervenus a un moment donne dans la prevention et le controle des infections. On a eu a tenir 00:30:00des meetings avec le professeur Pierre Rollin qui animait beaucoup de seances a l'intention des personnels qui continuaient a s'infecter avec ce virus, et on a eu beaucoup de seances de ce genre pour mieux sensibiliser le personnel a les amener a developper ces mesures de prevention dans les etablissements de soins.Q: Oui, ca c'est une question que le but du CDC n'est pas de prendre en charge
les choses, c'est pour supporter le gouvernement et les ONG. Donc, selon vous, vous pensez que peut-etre ca c'est quelque chose qui est un peu difficile en Guinee?KEITA: Oui, ca a ete difficile, mais moi je pense que dans l'avenir -- on est
dans l'agence et on a un departement de prise en charge. Je pense que c'est mieux de s'interesser a la prise en charge, parce que et, comme l'OMS a le protocole de prise en charge des maladies a potentiel d'epidemique, on doit 00:31:00continuer a les diffuser, je pense que le CDC contient beaucoup de scientifiques qui peuvent nous aider a ameliorer nos protocoles de prise en charge dans le cadre de l'information et la capacitation du personnel qui se trouve. On a eu beaucoup de difficultes a former certains a leur mission dans le centre de traitement tels que le contingent qui vient, qui est venu. Et on savait que Medecins Sans Frontieres, leur capacite de formation etait longue. Donc on a mis deux mois de preparation pour l'equipe. Si on avait des unites comme ca preparees, on pouvait reduire le temps et avoir une bonne capacite de prise en charge et reduire le transfert des malades d'une localite a une autre. Et ce transfert nous a aide des periodes tres tristes ou on a perdu souvent certains malades le long du transfert de 500, 600 kilometres sur des routes tres difficiles avec six heures a sept heures de voyage. Je pense que s'interesser a 00:32:00ca peut nous aider a la longue a faire des formations tres rapides et preparer les gens a la prise en charge.Q: Est-ce qu'il y avait des fois quand vous n'etiez pas d'accord avec les
recommandations ou les actions du CDC?KEITA: Oui, il y a eu des quelques peu de temps qu'on a eu des avis contraires.
Je le dirais ainsi, surtout aux moments de la gestion des donnees. Ils nous avaient proposes des logiciels. Bon ca changeait un peu notre habitude. On a eu beaucoup de discussions, notamment avec le professeur Pierre Rollin pour pouvoir adapter et notre facon de gerer et une nouvelle strategie qu'il nous proposait. Et meme avec l'OMS ou on avait eu souvent certaines contradictions et pour certaines approches qu'il nous proposait que nous on ne le percevait pas ainsi. 00:33:00Et parfois on faisait certaines demandes qu'on n'avait pas eu l'echo favorable aupres du CDC ou bien de l'OMS. Et un dernier point de desaccord ou de non-satisfaction c'etait quand j'avais propose au CDC et a l'OMS la strategie de surveillance active en ceinture, et apres lecture du risque du survenu, de resurgence a partir des personnes survivantes. Voila. Alors j'ai decrit cette strategie que je leurs avant proposais, mais ils m'ont dit que le risque est tres marginal, que ca les entrainait beaucoup de couts, qu'ils pensent que ce n'etait pas necessaire. Donc, quand c'est arrive, j'ai appele CDC et l'OMS et j'ai dit: Voila, je vous avais dit de faire ca. Apres ca qu'ils ont tous 00:34:00approuve la strategie et m'ont soutenu, et on a mobilise des fonds et on a pu faire la strategie. On a meme decouvert d'autres cas qui aurait du faire des flambees, mais qu'on a pu maitriser des lors, et j'etais tres content qu'on est revenu sur leurs decisions de ce genre. Donc c'etait des moments parfois qui passaient entre nous, comme on est en groupe, pour parfois on n'etait pas en d'accord, mais l'essentiel c'est de se reconcilier sa position pour voir ce que l'epidemiologie exige et surtout aller dans le sens de reduction des risques et de controle de la maladie.Q: Decrivez certaines des personnes qui n'ont pas travaille pour le CDC, mais
avec qui vous avez travaille, comme le personnel du Ministere de la sante, d'autres organisations gouvernementales, le bureau du president Alpha Conde, et 00:35:00le president lui-meme, l'Organisation mondiale de la sante, Medecins Sans Frontieres, les autres ONG, les hopitaux et les cliniques. Comment est-ce que toutes les organisations travaillaient avec vous?KEITA: Bon, il faut reconnaitre que, en tout, on a eu 65 partenaires qui sont
intervenus dans cette riposte, certains dans les domaines varies, d'autres partis d'expertise technique ayant donne des intrants, des matieres, des equipements et des commandes. D'autres ont donne de l'argent. D'autres des moyens de locomotion, de la logistique. D'autres ont fait la formation, et il y a des personnes volontaires qui nous ont aide dans la sensibilisation des communautes. Et d'autres meme sont intervenus sur le plan de denrees alimentaires. Il ne faut pas les negliger, POM [Programme alimentaire mondial] nous aide a faire ca. D'autres ont fait des puits de forage pour ameliorer la 00:36:00qualite de vie et meme pouvoir rappeler quel est la mesure d'hygiene dans certaines communautes qui n'avaient pas l'acces a l'eau, etc. Donc, tout ca 65 nous ont aide. Mais tout cela etait rendu possible, personnellement, mes actions ont ete rendu possibles grace a l'appui personnel du chef de l'etat, le president Alpha Conde. A un moment determine je fus l'objet d'attaques de beaucoup d'ONG qui ne voyaient pas dans le meme sens que moi. Et dont le cout de sensibilisation devenait de plus en plus important. Et j'avais des difficultes de coordonner toutes ces interventions et la maladie aussi progressait. Et a un moment donne, le president a pris le leadership de la coordination des interventions. Je devais lui rendre compte des evenements tous les jours, matin et soir, et parfois dans la semaine on devait venir avec les experts pour lui 00:37:00rendre compte des nouvelles strategies et de ce qu'on pense. Et donc voyant cette determination et le leadership du president, cela etait vraiment un facteur qui m'a permis a coordonner les interventions techniques des differents partenaires qui n'avaient pas la meme lecture de la situation. Mais qu'a cela ne tienne, tout le monde s'en tient au consensus, et chacun dans son domaine a un moment determine comme en pleine guerre tout le monde apporte sa contribution et finalement il y a eu une certaine synergie d'actions qui nous ont conduit vers le controle de la maladie.Q: Parlez-moi des quelques interactions que vous avez eues avec les personnes
qui etaient infectees avec le virus Ebola, ou avec leur famille ou leurs amis.KEITA: J'ai eu des interactions parce que j'avais beaucoup de connaissances
envers certaines familles qui sur le plan social, ca nous a fait beaucoup de mal 00:38:00au coeur. J'ai eu des amis, j'ai eu des connaissances qui ont perdu le bras fort de la famille, c'est-a-dire le pilier qui donnait de la nourriture, les ressources a la famille, qui sont partis. Donc ca m'a fait pousser l'esprit de voir qu'est-ce qu'on peut faire pour les familles victimes d'Ebola. Ca c'etait le debut d'enclencher d'autres strategies envers le soutien a ces familles. Donc on a mis en priorite les familles de notre personnel de sante qui ont ete victimes. C'est ainsi qu'avec des negociations avec certains partenaires tels que la Banque mondiale qui m'ont autorise, ont trouve un financement de 10,000$ par famille victime du personnel et qui a beaucoup soulage ces familles-la qui 00:39:00venaient de perdre la source de revenu qui leur faisait ca. Cela a beaucoup soulage certaines de mes souffrances avec les familles des victimes. Et aussi j'ai vu des familles ou il y avait des problemes d'education, des orphelins , qu'on en avait! On a touche bien sur l'UNICEF avec d'autres associations qui ont pris plus de 6 000 et quelques orphelins, leur scolarite, etc. et aider sa famille et avec POM aussi qui etait la pour donner de l'alimentation avec ces familles-la qui etaient tres desheritees. Et j'etais oblige de m'investir dans tout ca pour pouvoir coordonner ces differentes actions sociales envers leurs familles. Et la derniere strategie que nous avons inclus est la surveillance active en ceinture, car l'un des aspects qui a favorise l'adhesion des sorties gueries, c'est un soutien a leur famille que nous faisions a travers 00:40:00l'alimentation. Le travail, le soutien financier est ce qu'ils, en fait, ont pu obtenir et leur dire que nous partageons leur douleur. Nous sommes prets a les accompagner, mais aussi en contrepartie, de donner des informations sur leur etat de sante de leur famille et de leur entourage, 50% fois plus surpris par des evenements comme le genre de cooperant dans le sud du pays. Donc, voila un peu. Je continuais a travailler avec toutes les sorties gueries, et ils ont mon numero de telephone, et il y en a qui m'appellent pour des problemes. Et je donne des orientations pour les soulager, etc.Q: Ca c'est bon.
[pause]
Q: Ok, si vous pouvez nous expliquer votre relation avec votre femme et son role.
KEITA: Voila, vraiment vous me donnez l'occasion de remercier mon epouse qui m'a
vraiment soutenu a la maison, parce que mon rythme de travail etait tellement intense pendant et voila. Premierement, je me leve tous les jours a 5 heures du 00:41:00matin pour etre au travail entre 7 heures et demie, 8 heures. Et je rentre tard la nuit. Donc c'etait son soutien de faire tous les travaux derriere moi que je n'arrivais pas faire a la maison. Et aussi son soutien parce que j'avais des periodes de decouragement. Et chaque fois que la maladie faisait des rebondissements, je voyais l'insucces de la maladie et le stress parfois des autorites, etc., et ca m'a mene a des moments le sentiment de jeter l'eponge. Et donc elle sentait en moi des periodes de demotivation. Elle m'a demande de prendre courage, que les gens me font confiance. Le president m'a pris comme le leader, le premier qui doit s'investir dans ca, de tout faire pour pouvoir honorer cette confiance. Donc, elle supportait mes rentrees tardives la nuit. Elle supportait les milliers de voyage que j'ai effectues a l'interieur du pays. 00:42:00Et parfois elle se levait a 4 heure du matin pour des sandwichs, parce qu'on sortait et on ne savait pas ou on pouvait trouver a manger. Et d'ailleurs on evitait de manger pendant nos sorties pour le risque avec la sanitation qu'on ait des comportements a risque qui puisse nous contaminer. Donc, elle preparait toujours mes sandwichs et que je voyageais avec et j'ai mange aux moments opportuns. Et pour cela je lui dois beaucoup et l'energie que j'ai eue pour supporter les deux annees et demie sans conge, sans repos pratiquement que je pouvais le faire grace au soutien moral et continuait a eduquer mes enfants et leur dire que papa, parfois meme, mes enfants me disaient: Sacrement, pourquoi papa tu continues a faire de tel travail. Tu es fatigue. Il faut te reposer. Mais je ne peux pas me reposer. Laissez des enfants en train de mourir qui ont 00:43:00besoin de mes services. Donc grace a son soutien moral, je peux resister jusqu'a present. Donc, je profite de remercier CDC pour m'avoir donne l'opportunite d'entamer cette visite aux Etats-Unis en compagne de mon epouse. Vraiment ca a ete une tres grande allegresse et une joie au coeur pour moi.Q: Et vous avez combien d'enfants?
KEITA: J'ai quatre enfants.
Q: Quatre enfants. Quel age?
KEITA: Le dernier a 18 ans.
Q: Ok. Et qu'est-ce qu'ils ont pense de votre role?
KEITA: Mes enfants quand meme sont tres enchantes par le role et tout le
temoignage qu'on est en train de faire lors -- pour mon effort. Et je le dis toujours que c'est un exemple que je leur donne de sacrifice pour son pays. Et je pense qu'ils vont se servir de mon exemple pour faire mieux que moi pour la Guinee et meme pour la communaute internationale.Q: Elle a dit au debut que vous avez dit que vous avez change, que le docteur
00:44:00Sakoba au debut de l'epidemie n'est pas le meme que le docteur Sakoba qui est la maintenant. Donc vous pouvez expliquer ca un peu?KEITA: Je disais que le docteur Sakoba avant Ebola n'est plus le docteur Sakoba
d'aujourd'hui. Mes raisons sont qu'avant je ne connaissais pas Ebola. Je ne maitrisais pas qu'est-ce que c'est une cellule de coordination, moins encore, un centre de coordination d'urgence. Comment tout ca, ca peut fonctionner pour cela. Donc, pendant Ebola non seulement j'ai lu beaucoup et avec les interactions, avec les differences espoirs de tous les horizons que j'ai eu du nord au sud africains, europeens et partout, j'ai beaucoup ecoute, j'ai vu que le monde est plus reel, les facons de faire, ca m'a aide a faire une synthese et 00:45:00surtout avoir une experience de coordonner des actions de divers horizons pour qu'on puisse obtenir des resultats communs. Donc c'est pour cela que les eloges qu'on me fait actuellement, j'ai toujours dit que cela c'est le Sakoba construit par vous tous qui avez passe a cote de moi. J'ai plus de dix conseillers, la majorite venue de la France. Et certains de chez vous. J'ai encore six. Pierre Rollin, Benjamin Dahl, Michael et Lise. Donc, j'ai eu plein de conseillers americains, francais, russes, et de pays africains, le Congo, etc., de l'Union Africaine, de la CEDEAO. Tout ceux-ci me donnait des conseils. Et moi je crois 00:46:00que le conseil pour moi c'est comme une formation. Et tu dois les prendre en compte, et tout ceux-ci m'ont aide a concilier l'image que j'ai maintenant. C'est cela que j'aime dire que ce n'est pas le Sakoba avant Ebola que vous voyez. C'est le Sakoba que vous avez forme, et grace a vos conseils, grace aux actions qu'on a menees ensemble et qui a beneficie de toutes ces experiences et que vous avez en presence aujourd'hui.Q: Et il y avait le changement personnellement aussi?
KEITA: Il y a eu des changements dans ma personnalite. (Rires) J'ai eu des
moments ou j'avais des crises de nerfs du a la fatigue, du au fait parfois que j'ai eu des partenaires qui s'entre-griffent avec certaines arrogances, parce qu'ils avaient des conceptions [que] c'etait a prendre ou a laisser mais pas 00:47:00amender. Alors je me sentais un peu frustre par ces methodes d'action si on ne peut pas amender des projets qu'on nous presentait. Et moi j'ai eu beaucoup a accepter certains partenaires qui avaient de la flexibilite dans l'orientation de leurs projets et dans l'adaptation de leur projet par rapport aux realites que nous vivons. Alors quand je voyais certains qui parfois etaient -- ils m'ont dit: Non, Sakoba, c'est comme ca ou non, ou on bloque le materiel. Alors cela me faisait net des sentiments de frustration, et il y a eu des periodes de crise. Et chaque fois que ca m'arrivait, je me rappelais quand meme des conseils du socio-anthropologue:Â Ecoutez les gens. Apres reduisez le nombre d'interlocuteurs et organisez des tetes-en-tetes avec moins de monde, qu'on parvenait toujours a trouver un chemin d'entente. Donc j'ai applique cette 00:48:00technique chaque fois que j'avais des points de vue contraires avec des partenaires ou des groupes d'association. Je tenais, ainsi qu'on se revoit en tete-en-tete, essayer de voir les points de blocage entre nous et les points communs. Ainsi on essaye d'argumenter contrairement et trouver un terrain d'entente. Donc cet exercice m'a aide a changer un peu ma personnalite parfois de dirigiste mais d'accepter parfois aussi que je n'avais pas raison, et que je devais aller sur le chemin qu'on m'a propose. Donc cet exercice m'a aide a concilier au fil du temps.Q: Et qu'est-ce que vous allez faire apres la fin de l'epidemie?
KEITA: La fin de l'epidemie pour moi actuellement constitue la fin d'une etape,
parce qu'en Guinee on gere une epidemie qui est reelle, la notre, et parce qu'il faut reconnaitre que les epidemies dans ma tete, c'est un probleme de developpement et de changement, voila, et de changement de l'environnement qui 00:49:00cree une nouvelle pathologie. Donc je pense qu'on va continuer a se preparer pour faire face a des nouvelles etapes, d'abord maitriser les epidemies qui sont recurrentes dans mon pays, mais aussi se preparer a une maladie inconnue qui pourrait arriver un beau jour. Donc les acquis qu'on a eus pendant Ebola qui sont immenses. Nous pensons les consolider et les renforcer avec les partenaires pour que la Guinee soit plus forte desormais, et qu'on puisse eradiquer dans l'oeuf toute nouvelle resurgence d'une maladie inconnue dans notre pays et maitriser des epidemies de rougeole et de meningite qui sont plus frequentes 00:50:00dans nos pays.[pause]
Q: Ok, je crois que c'est l'heure -- il y a d'autres questions que vous pensez
c'est important de vous demander ou il y a d'autres choses que vous voulez dire?KEITA: Bon, pratiquement j'ai fait le tour d'horizon. Vous savez Ebola m'a rendu
tres bavard, parce que j'ai vecu tellement de choses et parfois qu'on interroge comme ca. J'ai dit: Ou commencer ou m'arreter. Donc je pense que j'ai dit deja l'essentiel. Je dois pouvoir conclure cette entrevue qui m'a fait susciter le desir de vivre ensemble. Le partenariat qui a ete developpe pendant cette riposte a proteger non seulement la Guinee et les trois pays mais aussi la 00:51:00communaute internationale. Avec les mouvements des hommes qui etaient tres difficiles de fermer toutes nos frontieres, si Ebola on n'avait pas contre de cette maniere, avec la peur quoi qu'on faisait, les Guineens allaient immigrer ailleurs et entrainer d'autres vagues dans d'autres pays. Mais la reaction de la communaute internationale dans tous les sens m'ont fait dire qu'on peut esperer en cas de detresse, nous pouvons compter sur vous tous pour pouvoir maitriser. Et je pense que cet esprit humanitaire qui est deja ne dans d'autres circonstances pour d'autres pays que la Guinee a vecu doit etre cultive, entretenu par nous tous. Et que nous aussi qu'on puisse apporter notre 00:52:00contribution a controler d'autres evenements dans d'autres pays. Donc c'est pour vous dire que moi qui suis en face de vous, je suis pret a apporter mon experience a d'autres pays en situation de detresse pour que je puisse continuer a aider cette communaute internationale a reduire nos souffrances en periode crise surtout sur le plan epidemiologique. Donc je suis tres content qu'on nous a donne cette opportunite de visiter le siege du CDC. J'ai beaucoup appris pendant ce sejour. Je suis en train de voir beaucoup d'opportunite de collaboration avec les differentes sections du CDC, departements, pour qu'on puisse renforcer la capacite en Guinee. Et je pense que, qui ne se compare pas a un leader, tu ne pourras pas progresser. J'ai appris dans un livre americain la 00:53:00cle de la reussite. Le premier point c'est d'avoir un projet de reussite. Qu'est-ce qu'on veut faire? Qu'est-ce qu'on peut faire dans la vie? Le deuxieme c'est de chercher un leader, quelqu'un qui a reussi que tu admires. Donc pour moi ce pays que je vois sur le chemin de la reussite, qui a passe par des chemins pas faciles constitue mon miroir desormais. Donc je dois savoir comment il a parcouru, comment je peux me preparer a ces difficultes. Je sais qu'avec les nouvelles technologies, je ne parcourais pas tous les chemins. Je pourrais sauter de temps en temps. Mais meme si je ne l'entame pas, je pourrais etre proche de lui pour pouvoir transferer et donner le meme sentiment d'aisances et 00:54:00d'amelioration du niveau de vie sur le plan sanitaire de ma population. Donc, je terminerais pour vous dire que je suis venu pour vous ecouter, pour voir, pour entendre afin que je puisse trouver le meilleur moyen pour renforcer le systeme sanitaire dans mon pays et enfin que je puisse contribuer au controle de toutes les maladies a potentiel epidemique dans mon pays et le soutien d'urgence. Je vous remercie infiniment.Q: Merci, nous voudrions vous remercier aussi. C'est vraiment -- c'etait bon de
travailler avec vous et collaborer en Guinee. Et j'espere qu'on va continuer a collaborer ensemble.KEITA: Merci. Merci. Muchisimas gracias.
FIN